Actualité : Interview de Marina Luengo-Villa
« A l’image d’un orchestre, on joue collectif »
Marina Luengo-Villa est chargée de développement social pour les orchestres Démos Hauts-de-Seine, Val-de-Marne et Grand Paris Sud. Elle répond à nos questions et nous parle de son métier.
Educatrice et comédienne : voici deux métiers que Marina Luengo-Villa a exercé en parallèle pendant plusieurs années auprès du jeune public. Elle a rejoint les équipes de Démos il y a 6 mois en tant que chargée de développement social, motivée par une volonté de rassembler ces deux domaines social et artistique, au profit d’un projet qui fait sens. Rencontre.
Quel est votre rôle au sein du pôle social de Démos ?
J’accompagne les référents sociaux de nos structures partenaires, qui sont sur le terrain au contact des familles et des enfants, et travaillent avec les musiciens pour animer les ateliers. Je dois m’assurer qu’ils ont toutes les cartes en main pour créer le lien avec les familles, permettre à tous les enfants de s’intégrer au sein de leur groupe et de l’orchestre, intervenir en cas de perturbations au sein d’un atelier, et faire face à des situations parfois complexes.
Je me positionne en soutien pour, en fonction de leurs besoins, proposer, réajuster, ou élaborer avec eux des outils permettant de fédérer le groupe. Un temps de cohésion d’orchestre est par exemple animé une fois par an par les référents sociaux des différents groupes, à l’occasion d’un rassemblement tutti. Je prépare ce temps-là avec eux en amont, ils mettent en commun les outils qu’ils utilisent habituellement, et ensemble on construit le jeu collectif ou l’activité qui sera proposée aux enfants. Même chose à l’échelle de l’atelier : je les accompagne individuellement sur ces aspects.
Chaque atelier est animé par deux musiciens et le référent social : mon rôle est aussi d’aider ce trinôme et ces deux cœurs de métier à composer ensemble. J’apporte des conseils pour faire jouer la complémentarité de leurs expertises, je leur propose des formations pour qu’ils développent de nouvelles compétences liées au social ou au musical…. J’accompagne également les musiciens qui peuvent s’interroger sur des questions sociales ou éducatives, rencontrées dans la mise en œuvre du projet Démos.
Vous intervenez auprès de 3 orchestres en Île-de-France, comment fonctionnez-vous ?
J’équilibre mon emploi du temps en fonction des situations les plus urgentes, et des informations que me partagent les référents sociaux. Toutes les semaines je fais un état des lieux de chaque orchestre, pour déterminer où il faut intervenir et qui je dois contacter en priorité. Si un problème a eu lieu sur un atelier, je suis l’évolution de la situation : est-ce que ce qu’on a mis en place pour que ça aille mieux a fonctionné ? Est-ce qu’il faut trouver d’autres solutions ? Même chose pour le suivi individualisé des enfants : est-ce que les échanges avec les familles se sont-bien passés ? Est-ce qu’ils ont eu un impact ?...
Je suis surtout en lien permanent avec le coordinateur et le référent pédagogique de chaque orchestre, et on se réunit une fois par semaine pour faire un point sur la situation, croiser nos différents regards. Entre l’apprentissage musical, le fonctionnement global de l’orchestre, la dimension sociale, chacun capte des choses et on identifie ensemble comment lever les freins quand il y en a. C’est cette combinaison des points de vue – éducatif, social, artistique – qui fait notre force et nous permet de trouver des solutions adaptées à chaque situation.
Et bien sûr j’assiste à certaines formations dispensées pour les référents sociaux et les musiciens, et surtout à beaucoup d’ateliers et rassemblements tutti, auprès de mes collègues de la pédagogie, la coordination, ainsi que de la production. C’est l’occasion d’avoir des retours d’expérience sur la vie de l’orchestre et sur notre pratique éducative, pour identifier les besoins d’accompagnement.
Quel est votre moteur ?
La multiplicité des acteurs est passionnante, on pense toujours la pratique à plusieurs. Au sein du pôle social, on réfléchit à notre intervention entre chargés de développement social. On partage le fruit de nos réflexions avec le pôle pédagogique et la coordination. On pense « terrain » avec les référents sociaux et les musiciens. A l’image d’un orchestre, on joue collectif. Et tout le monde travaille au service du bien-être et de l’épanouissement de l’enfant.
Cette multiplicité implique une grande vigilance à recentrer les choses autour des faits, à prendre du recul sur une situation quand c’est nécessaire. C’est un peu le cœur de mon métier : garantir l’objectivité dans la prise de décision, tout en faisant en sorte que tous les fils se connectent entre les différents acteurs, avec leur vision propre.
Le quotidien de Marina a bien sûr changé en raison de la crise sanitaire actuelle. Elle reste en contact avec les référents sociaux malgré tout, notamment pour prendre des nouvelles des enfants et de leurs familles. Et elle continue de créer de nouveaux outils ludiques, adaptés à la situation et envoyés aux orchestres d’Île-de-France chaque semaine. Une manière de rester prêt des enfants et de les soutenir pendant toute la durée du confinement.